« Ceux qui partent » de Jeanne Benameur

Ceux qui partent de Jeanne Benameur

J’ai découvert Jeanne Benameur en achetant, à une vente de livres de la bibliothèque de Lancieux, Otages intimes. J’ai été séduit. Puis apprenant la sortie de Ceux qui partent, je me suis précipité.

 Le sujet : l’exil, l’émigration sont d’actualité même si le roman se passe en 1910, sur Ellis Island, aux portes de New York.

 Cinq personnages principaux entrent peu à peu :

Il y a d’abord, dans les premières pages, un jeune photographe amateur Andrew Jonsson, attiré par la pose et le mouvement d’un père et sa fille, Donato Scarpia et sa fille Emilia, lettrés italiens. Lui, le comédien tient un livre dans sa main, c’est l’Enéide sa boussole, elle, dans ses bagages, transporte ses toiles, soigneusement roulées et protégées, avec les costumes de scène de son père.

 Andrew est un habitué d’Ellis Island et de la variété des émigrants et de leurs langues. Il est lui-même descendant d’un Islandais et d’une vraie Américaine, descendant d’une fille embarquée sur le Mayflower.

C’est ici, sur ces visages, dans la nudité de l’arrivée, qu’il guette quelque chose d’une vérité lointaine.

Puis plus tard, déjà à la page 45, apparaît Esther l’Arménienne.

C’est alors que l’attention d’Emilia est captée par une femme, assise sur sa valise, tenant en main un petit carnet et écrivant….Elle la trouve d’une étrange beauté…. C’est ainsi parfois que naissent les choses impalpables entre les êtres.

Enfin, à la page 60, Gabor, le bohémien qui veut fuir son clan.

Lui, il est musicien. Il joue du violon.

Lui, il a envie de voir les autres. … la grande diversité des visages, des vêtements, des corps, l’attire.

Au cours du roman, on voit apparaître l’environnement des personnages principaux : la famille d’Andrew et la jeune fille, Lucile, que sa mère veut lui faire épouser, sa grand-mère Ruth, la prostituée qu’Andrew visite régulièrement, puis les personnages du clan bohémien de Gabor, Marucca son amoureuse et Masio sorte de tuteur de Gabor…

 Tous les personnages principaux se rencontrent, se frottent, se découvrent dans cet espace clos de Ellis Island pendant les 48 heures d’attente avant d’être libérés, vers un monde qui sait que rien n’appartient à personne sur cette terre, sauf la vie.

Seul Andrew apparaît comme le seul libre, le seul déjà américain…

Truculent, sensuel, poétique…

Henri H.M.

Ceux qui partent, Jeanne Benameur, Actes Sud, 2019. 330 p.

Crédit photo : Electre.

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