« Les choses humaines » de Karine Tuil

Ce livre parle d’une affaire de viol et questionne le lecteur sur les limites du consentement. A travers une histoire devenue assez classique à notre époque contemporaine, Karine Tuil, dans son roman construit d’une  manière assez simple, nous présente dans un premier temps chacun des principaux personnages afin d’imprégner le lecteur de leur histoire personnelle  et de leur psychologie.

La première partie du livre, avec ses airs de presse people, nous apprend la réalité d’une famille de pouvoir et où tout semble rouler dans le meilleur des mondes. Le père journaliste politique vedette de la matinale d’une grande station de radio, s’attache à 70 ans par tous les moyens à sa carrière. Son épouse nettement plus jeune est une essayiste féministe et ensemble ils ont un fils qui étudie dans une brillante université américaine. Ce décorum a de quoi susciter l’admiration du public jusqu’au jour où une lame de fond vient s’abattre sur cette famille car le fils est accusé de viol.

Cet acte arrive assez tardivement dans le livre et surprend le lecteur par son apparition brutale. Tuil veut ainsi montrer que le sexe est ici la cause du dérapage, le sexe comme une injonction instinctive qui menace de tout faire exploser.

Les faits sont clairs, derrière la déposition de la victime, l’évidence se dessine et chaque lecteur est tenté de se ranger du côté de cette dernière.

La seconde partie du livre est alors un véritable travail d’investigation au cœur de l’appareil judiciaire et médiatique concurrencé de près par les réseaux sociaux et les collectifs de soutien aux victimes. L’autrice interroge sur les limites du consentement et la notion de version des faits entre victimes et coupables.

Ce roman prend sa puissance et son envol dès lors qu’il impose au lecteur, le questionnement là où pourtant tout semblait clair au départ.

Karine Tuil joue avec brio au jeu délicat de l’impartialité et propose un roman ambitieux et efficace.

Emmanuel C.

Les choses humaines, Karine Tuil, Gallimard, 2019. 341 p. (Prix Interallié 2019, Prix Goncourt des lycéens 2019).

Crédit photo : Electre.

Les commentaires sont fermés.

Fièrement propulsé par WordPress | Thème : Baskerville 2 par Anders Noren.

Retour en haut ↑