
Benjamin, Doug, Steve, Phil et les autres… se sont connus au collège King William de Birmingham dans les années 60. Chacun sa vie, sa carrière, ses amours, ses idées politiques… Le temps est passé.
En 2010 « l’Angleterre de la classe moyenne a voté David Cameron parce qu’elle n’avait pas le choix » estime Benjamin Trotter personnage central de ce récit.
Comment en est-on arrivé là ? C’est bien cette question que pose Jonathan Coe dans Le cœur de l’Angleterre. A travers les différents membres intergénérationnels de la famille Trotter, leurs amis et relations, le lecteur suit les évolutions de chacun en parallèle à celles du pays « dans un état pitoyable » : grogne, fracture sociale, politique d’austérité, rejet des étrangers, économie en berne, jusqu’en 2018.
Leave ou Remain, tel fut l’enjeu du vote du 24 juin 2016, on connaît le résultat auquel personne n’était préparé.
Le temps passe sur la vie de chacun comme sur celle du pays engendrant la nostalgie du « c’était mieux avant » qui conduit l’Angleterre au Brexit, à la démission de David Cameron et l’arrivée de Theresa May.
« Nous vivons sous la tyrannie d’une idée, le politiquement correct et tout se passe sous le masque de la liberté d’expression ». Le constat est sévère.
Le cœur de l’Angleterre est une somme qui balaie les années cruciales d’un pays à la recherche de son identité et de son rayonnement passé.
Jonathan Coe sait y apporter la légèreté de l’humour teinté d’un certain cynisme très british déjà présent dans Testament à l’anglaise .
Né lui même à Birmingham dont il décrit à merveille l’aspect provincial verdoyant en retrait de la capitale, il est un des auteurs majeurs, souvent primé, de la littérature britannique.
Alix.
Le cœur de l’Angleterre, Jonathan Coe, Gallimard, 2019. 548 p. Prix du livre européen 2019 (catégorie roman) et le Prix Costa 2019 du roman.
Crédit photo : Electre.