Coup d’œil sur les collections anciennes de la bibliothèque : La carte marine portugaise de 1632

Peinte sur parchemin en 1632, cette carte de navigation portugaise fait partie des trésors de la Bibliothèque municipale de Dinan.

Il n’existe que deux cartes marines connues du cartographe portugais Pascoal Roiz : l’une, datée de 1633, est conservée à la Bibliothèque du Congrès, à Washington ; l’autre, antérieure d’une année (1632), fait partie depuis 1844 des collections patrimoniales de la Bibliothèque municipale de Dinan.

Appelées également portulans (issu de l’italien portolano : pilote), ces cartes de navigation, nées en Occident à l’époque des Croisades, furent produites et utilisées du XIIIe au XVIIIe siècle. Influencées par les progrès scientifiques et les savoirs nautiques, elles représentaient, généralement sur du parchemin, un espace maritime connu, répertoriant les noms des ports et comptoirs utiles aux navigateurs.

Les cartes marines étaient souvent dessinées à la main, portant un canevas de lignes de vents correspondant aux points cardinaux et ouvragées parfois d’éléments symboliques et lumineux (bannières, roses des vents, navires…) lorsqu’elles constituaient des documents de prestige, destinés à être conservés et exposés (elles affichaient une forme plus modeste comme instruments de navigation).

C’est ainsi que l’intérêt pour les portulans s’est construit et développé au début du XIXe siècle, période qui connut un grand essor scientifique et au cours de laquelle naquirent les Muséums. Véritables objets de curiosités, ils furent en outre associés à l’image des navigateurs lancés dans l’aventure des grandes découvertes pour découvrir le monde.

Soigneusement peinte sur un parchemin (79 x 94 cm), la carte marine portugaise que possède la Bibliothèque municipale de Dinan est, comme beaucoup durant cette période, orientée sur l’océan Atlantique (l’Europe, avec tout le bassin méditerranéen, la côte est de l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, les côtes africaines, la Perse…) ; les royaumes ibériques (l’Espagne et le Portugal représentés par leur blason sur le continent sud-américain) dominant encore le monde au début du XVIIe siècle. Elle indique en rouge ou en noir (selon leur importance) le nom des ports, placé le long des côtes (perpendiculairement à celles-ci). Un réseau de lignes donne les directions dessinées sur les boussoles, permettant une correspondance directe entre le cap indiqué sur la boussole et la carte.

Au-delà des précieuses indications sur les connaissances de la géographie du monde au XVIIe siècle, ce portulan se distingue par un prodigieux travail d’ornementation de la part de son auteur (dont le nom apparaît en bas, à droite, sur une bannière flottante) : l’on peut notamment découvrir un arbre de famille, couronné d’une Vierge-mère et revêtu de douze rois présentant leur sceptre, de nombreuses roses des vents illuminant les mers de leurs rayons, des saints, une crucifixion, des navires, un palais africain…

Réalisée par Pascoal Roiz au début du XVIIe siècle, cette carte-portulan, dont l’excellent état de conservation ainsi que les différentes percées sur ses bords attestent qu’elle n’a certainement jamais servi d’instrument de navigation, mais qu’elle fut plutôt conservée et exposée dans des salons ou des cabinets de curiosités, fut remise en 1844 à la Bibliothèque municipale de Dinan par M. et Mme Lecourt de La Villethassetz (il existe une mention au dos du document), propriétaires du manoir de La Rougerais, à Trigavou.

Christopher MAURICE

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