
Née à Hanoï en 1995, Line Papin y a grandi jusqu’à l’âge de dix ans, avant de s’installer en France. Elle se consacre à l’écriture, au dessin et au cinéma.
Elle est l’auteure de deux précédents romans également publiés chez Stock.
- L’éveil, en 2016 (Prix littéraire de la vocation).Elle est venue présenter ce premier roman à Dinan lors de « Dinan, livres en fête 2016 ».
C’est une histoire d’amour, dont les personnages sont deux garçons et deux filles, dont les voix s’entrechoquent. C’est une histoire d’amour, douloureuse et sensuelle, où les héroïnes ne font que traverser le tumulte de la ville, et se cachent dans l’ombre protectrice des chambres. C’est un premier roman d’exception. Et l’acte de naissance d’un écrivain.
- Toni, en 2018. De Hambourg à Berlin, Toni nous plonge dans l’insouciance de la jeunesse et des nuits magnétiques rythmées par les fêtes clandestines.
- Les os des filles est son troisième roman, Line Papin a envie d’écrire un roman plus intime. L’écriture est plus directe, l’auteure a raconté la stricte vérité. Pourquoi ? Pour trouver, à travers la littérature, des réponses aux questions qui nous empêchent de vivre.
Les os des filles est l’histoire de trois femmes : Ba, sa fille et sa petite-fille – sa grand-mère, sa mère et elle-même. Vous allez plonger dans l’histoire du Viêt-Nam dans les années 1960, pendant la seconde guerre d’Indochine, sous les bombes d’un village vietnamien qui se trouve à 30 km de Hanoï, la capitale. Seule, Ba décide de monter à Hanoi pour y élever ses trois filles et échapper aux conditions de vie misérables.
Pour vous rappeler qu’en 1945, c’est la famine. L’armée japonaise envahit l’Indochine française et la guerre est déclarée entre Français, Japonais et Vietnamiens. En 1946, Ho Chi Minh est Président et la France entre en guerre contre le Vietnam. En 1961, le sud Vietnam se soulève contre Ho Chi Minh. La vie est difficile. Je m’en souviens encore, mes parents m’ont raconté : le Nord doit survivre et en même temps mener la guerre avec le sud.
A travers ce roman, vous allez constater que ces trois générations de femmes, très courageuses, ont traversé trois combats : celui de la guerre, celui de l’exil et celui de la maladie.
Elles y parviennent ; le quotidien de cette famille est toutefois brisé en 2005 par le départ des filles en Occident. Tandis que la grand-mère reste à Hanoi, sa fille s’installe en France avec sa petite-fille. Cette dernière, arrachée à sa terre natale, garde dans son corps le souvenir des guerres, des famines et des bombes. Quand l’enfant tombe malade, quelques années plus tard, à l’hôpital où elle se retrouve, son corps fatigué se rappelle les combats d’une grand-mère pour survivre.
Comment les événements historiques influent-ils sur les relations personnelles ? Comment le lien affectif entre une fille et sa mère peut-il être brisé par une bombe, un avion ou bien un hôpital ? De quoi sont donc faits les os qui nous soutiennent ? « En 2018, j’ai voulu revenir sur le récit de cette filiation maternelle brisée, afin de réparer avec l’écriture, peut-être, des choses irréparables ».
1961, le sud Vietnam se soulève contre Ho Chi Minh. La vie est difficile. Le Chef de village Trang, qui héberge les soldats français blessés, est professeur de littérature et travaille dans l’école du village. Il tombe amoureux de Ba, dont la mère, Vu Thi Gao, élève seule ses deux filles. Ba mettra au monde à son tour trois filles.
1968, Trang est muté à l’université d’Hanoi. Les trois sœurs H passent leur enfance à travailler et vivent dans une grande pauvreté. Ba devient professeure, comme son mari. Elle réalise son vœu grâce à son combat. Puis c’est le départ pour Hanoï. La vie à Hanoï sous l’embargo a été difficile.
Mais une fois celui-ci levé, en 1994, le pays voit arriver quantités de produits étrangers : des scooters, des mobylettes, l’électricité… Les trois sœurs H ont 20 ans, chacune d’elles se marie. La seconde sœur H tombe amoureuse d’un français qui se passionne pour la culture vietnamienne. Il l’épouse et un garçon va naître en France. Ils repartent au Vietnam. Puis l’accident, une petite fille naît le 30 décembre 1995, dans un hôpital miteux de Hanoï. La famille s’installe dans un superbe appartement avec piscine où vivent les expatriés canadiens, russes, français… Ils embauchent nourrice et chauffeur. Cette enfant vit dans l’amour de sa grand-mère, de sa mère et de sa nourrice. Tout le monde se connait, s’invite. Cette vie facile et aisée ressemble au paradis.
Superbe livre très touchant, très émouvant et très enrichissant. C’est un roman sur le courage, le combat pour s’en sortir. C’est également un récit sur l’exil, la perte de repère, la guerre et l’adaptation à une nouvelle culture et au renoncement de ses racines.
Splendide description de la ville de Hanoï et du Vietnam.
Un intense et vibrant moment de lecture.
Maï Goupil.