A la fin de l’année 2020, l’Atelier du 5bis a été à l’origine d’une initiative originale et joyeuse. Durant ces deux derniers mois, les Crieurs de rue de la Compagnie Une aile la nuit ont déambulé dans les rues de Dinan, deux fois par semaine, pour crier des messages, anecdotes ou poèmes écrits par des habitant.e.s. L’objectif était de garder le lien avec la population, de nous donner le sourire mais aussi soutenir les professionnels de la culture !
La presse et les médias tous confondus ont généreusement relayé cette initiative ! Ouest France, Le Petit Bleu, Le Télégramme, Radio Nova, France 3,…

Les habitant.e.s ont volontiers participé et applaudi depuis leurs fenêtres, en ville, sur le parvis de la bibliothèque, etc. Nous avons souhaité donner une seconde vie à ces instants de joie éphémère en les publiant sur notre blog… Merci d’avoir partagé vos messages !
Retrouvez une première série de messages d’habitant.e.s (la suite dans un prochain article) :
Message de Kelly :
La Cité de la peur (Film français, Alain Berberian, 1994)
« On peut tromper mille fois mille personnes, non, on peut tromper une fois mille personnes, mais on ne peut pas tromper mille fois mille personnes. Non, on peut tromper une fois mille personne mais on peut pas tromper mille fois une personne. Non.
Ne vous trompez pas mille fois, soutenez vos commerces locaux ! »
Message de Kelly :
La ronde des jurons – Brassens
« Tous les morbleus, tous les ventrebleus,
Les sacrebleus et les cornegidouilles,
Ainsi, parbleu, que les jarnibleus
Et les palsambleus,
Tous les cristis, les ventres saint-gris,
Les par ma barbe et les noms d’une pipe,
Ainsi, pardi, que les sapristis
Et les sacristis,
Sans oublier les jarnicotons
Les scrogneugneus et les bigre’ et les bougre’,
Les saperlott’s, les cré nom de nom,
Les peste, et pouah, diantre, fichtre et foutre,
Tous les Bon Dieu,
Tous les vertudieux,
Tonnerr’ de Brest et saperlipopette,
Ainsi, pardieu, que les jarnidieux
Et les pasquedieux.
Quelle pitié !
Les charretiers
Ont un langage châtié !
Les harengères
Et les mégères
Ne parlent plus à la légère !
Le vieux catéchisme poissard
N’a guèr’ plus cours chez les hussards…
Ils ont vécu, de profundis,
Les joyeux jurons de jadis. »
Message de Kelly :
Antigone – Anouilh
« De me promener, nourrice. C’était beau. Tout était gris. Maintenant, tu ne peux pas savoir, tout est déjà rose, jaune, vert. C’est devenu une carte postale. Il faut te lever plus tôt, nourrice, si tu veux voir un monde sans couleurs.
Le jardin dormait encore. Je l’ai surpris, nourrice. Je l’ai vu sans qu’il s’en doute. C’est beau un jardin qui ne pense pas encore aux hommes.
Dans les champs, c’était tout mouillé, et cela attendait. Tout attendait. Je faisais un bruit énorme toute seule sur la route et j’étais gênée parce que je savais bien que ce n’était pas moi qu’on attendait. Alors j’ai enlevé mes sandales et je me suis glissée dans la campagne sans qu’elle s’en aperçoive…
Tu crois que si on se levait comme ça tous les matins, ce serait tous les matins aussi beaux, nourrice, d’être la première fille dehors ? »
Message de Julia :
« Je veux une ville radicale
Une ville loin de cet empire colonial
Loin des rois du pétrole, génial
Anti patriarcale
Je veux changer les lois en ruines
Changer les rites
Changer les fêtes
Changer les têtes
Changer les êtres
Furie, super héroïne.
C’est dans les yeux des femmes que je vois la différence
Il y a urgence
Au fond de leurs yeux scintillants
Utopie humaine sans précédent
Je veux une vie inversée.
Marcher sur le ciel bleuté,
Me perdre dans la ville
Tranquille
Je veux une ville bleue
Regarder les gens heureux
Courir, s’amuser et rentrer chez eux
Voir leur bonheur dans leurs yeux. »
Message de Nina, un message plagié avec assomption à Charles Baudelaire (Le Chat, Les Fleurs du Mal) :
« Dans ma cervelle se promène,
Ainsi qu’en son appartement,
Un beau chat, fort, doux et charmant.
Quand il miaule, on l’entend à peine,
Tant son timbre est tendre et discret ;
Mais que sa voix s’apaise ou gronde,
Elle est toujours riche et profonde.
C’est là son charme et son secret.
Cette voix, qui perle et qui filtre,
Dans mon fonds le plus ténébreux,
Me remplit comme un vers nombreux
Et me réjouit comme un philtre.
Elle endort les plus cruels maux
Et contient toutes les extases ;
Pour dire les plus longues phrases,
Elle n’a pas besoin de mots.
Non, il n’est pas d’archet qui morde
Sur mon cœur, parfait instrument,
Et fasse plus royalement
Chanter sa plus vibrante corde,
Que ta voix, chat mystérieux,
Chat séraphique, chat étrange,
En qui tout est, comme en un ange,
Aussi subtil qu’harmonieux ! »
Message de Katia :
« Enfin de l’argent crié par les fenêtres ! »
Prochaine série de messages envoyés par les habitant.e.s le jeudi 21 janvier à 18 h !