Les participant.e.s à l’atelier d’écriture de la Bibliothèque municipale du 23 janvier 2021, animé par Jean-Yves Ruaux, se sont amusé.e.s à composer leur portrait chinois en s’inspirant du Au conditionnel du poète surréaliste et humoriste doux Jean Tardieu (1903-1995). « Si je savais écrire je saurais dessiner/Si j’avais un verre d’eau je le ferais geler et je le conserverais sous verre. » assure Tardieu dont la Bibliothèque municipale possède plusieurs livres : Les amants du métro : ballet comique sans danse et sans musique, Je m’amuse en rimant, Une soirée en provence ou Le Mot et le Cri, Théâtre de Chambre, Poèmes à jouer…
Par monts et merveilles
Si j’étais un slam
Si j’étais une chanson
Je n’en connais pas le nom
Un air d’accordéon
Un p’tit ballon
Du saucisson
Mon Vieux Léon.
J’irai dans les rues de Paris
De Choisy, d’Isigny
Par des monts et merveilles
En haut du Mont Saint-Michel
Je me ferais patriote
Et même sans-culotte
Sous une robe d’été
Pour faire taire les muets
Contestataire, révolutionnaire
Conditionné, du tonnerre
Faut qu’ça saute ou qu’ça pète.
Non c’est trop bête
Si j’étais une chanson
J’irai au plus profond
Très loin dans ton âme
Attiser la flamme
Ta rage de vivre
Vivre libre
Ivre de vivre.
Patricia Barthélémy

Je tournerais en rond
Si j’étais une couleur, je serais le doré mi fa sol la si do.
Si j’étais un animal, je serais le chat qui se mord la queue et je tournerais en rond dans mon panier, à l’infini, pour la vie.
Si j’étais un métier, je serais charcutier pour discuter de la pluie et du beau temps avec mes clients pendant que les autres attendent en pestant.
Si j’étais une chanson, je serais Musique de France Gall, car la musique adoucit les mœurs et jamais ne meurt.
Si j’étais un vêtement, je serais un collant qui jamais ne descend et par magie nous rend jolies.
Si j’étais un acteur, je serais Jean-Pierre Bacri car il va nous manquer et ce serait bien de le ressusciter.
Si j’étais un plat cuisiné, je serais raté et trop cuit car ma cuisinière préfère lire et écrire, puis danser et puis rire pendant que le plat est à cuire.
Si j’étais une fleur, je serais épanouie et rirais de me voir si belle en ce miroir
Si j’étais un arbre, je pousserais si haut que les oiseaux n’arriveraient pas à manger mes fruits.
Natacha Besrets

Je braverais le vent
Si j’étais un animal je serais reniflant, j’aurais une trompe énorme et je braverais le vent pour trouver son odeur et retrouver maman.
Si j’étais une odeur, je serais celle du sang et si c’était pas l’heure, je serais celle du temps.
Si j’étais une fleur, je serais une tulipe. Mon parfum serait fort je sortirais du rang.
Et si j’étais un arbre, je serai très très grand. Moi si j’étais un arbre, j’aurais pris tout mon temps. J’aurais flâné des siècles pour bien remplir ma place et mes racines cachées se liraient en secret.
Si j’étais un secret, je serais un mensonge, une histoire tronquée, travestie dans vos songes. On m’aurait inventé pour que vous restiez sages, on me voudrait caché mais j’éclaterais sur les pages.
Si j’étais un roman, je serais sans vergogne. J’y raconterais vos vies et vous auriez ma trogne.
Je rirais aux éclats et le temps d’une histoire, je serais qui je suis et si j’étais aussi…
Valérie Boulanger
Mon caprice
Si j’étais une actrice
en noir, en blanc, c’est mon caprice,
lumière rasante,
yeux gigantesques,
de type Louise Brooks, peu rassurante.
Loulou géniale, enfant, amante,
les dents petites, la bouche démente.
Mais d’autres encore !
Si j’étais une actrice,
j’aurais plusieurs corps, c’est mon caprice !
Qu’on me brûle, qu’on m’adule, qu’on me suicide
je suis et le sucré et l’acide,
et sainte et courtisane,
simplette et mélomane,
mauviette comme criminelle,
méchante, caractérielle
tout ça, oui,
je serais si plurielle
Anne Champ-Massart
Je serais barbelé
Si j’étais rock, je s’rai à Billy
Si j’étais prison, je s’rai à Fleury
Si j’étais une chanson, je serais sous la pluie
Si j’étais une fringue je serai Blue jean
Si j’étais une action, je serais féminine
Si j’étais une peau, je s’rai satine
Si j’étais la couleur des yeux, je s’rai l’acier
Si j’étais métal, je serais barbelé
Si j’étais libre je me verrais planer
Si j’étais une fleur, je serais giroflée
Si j’étais une amie, je serais perdue
Si j’étais une qualité, je dirais nue
Si j’étais à ta place, je m’en irais
Si j’étais à la mienne,
Ce je ne sais quoi je l’aurais
Si j’étais un vœu, je serais gênée
Car si c’était trop peu, tu m’aurais oublié.
Arnaud Chemin