Les contes de Noël de l’atelier d’écriture #4

Les participant.e.s à l’atelier d’écriture que Jean-Yves Ruaux anime à la Bibliothèque municipale de Dinan vous offrent des contes qu’ils ont conçus et écrits lors de la dernière séance de l’atelier pour 2021, le 11 décembre dernier. La prochaine séance se tiendra le samedi 15 janvier 2022. Le sujet sera Les journaux intimes. Inscriptions gratuites auprès de mp.larsonneur@dinan.fr

Ces quatre contes sont publiés les samedis en janvier. Et voici le dernier. Bonne lecture !

4. « Il était deux fois, peut-être trois…. »

Trois Horaces, trois Curiaces toute une guerre !

La guerre des trois n’aura pas lieu

Ils étaient quatre mais on dit « trois » mousquetaires

Trois hommes dans un bateau

Trois pommes pour la hauteur

Trois fois rien

Moins que rien, peut-être ?

En intelligence collective, deux et deux font trois

L’inévitable marchande de foie de Troyes

Une valse à trois temps, une valse à trois temps

Plus ou moins, je trois en toi, mon Dieu

Quatre fois trois

Et treize à la douzaine

Trois p’tits points…

Patricia Barthélémy

Les contes de Noël de l’atelier d’écriture #3

Les participant.e.s à l’atelier d’écriture que Jean-Yves Ruaux anime à la bibliothèque municipale de Dinan vous offrent des contes qu’ils ont conçus et écrits lors de la dernière séance de l’atelier pour 2021, le 11 décembre dernier. La prochaine séance se tiendra le samedi 15 janvier 2022. Le sujet sera Les journaux intimes. Inscriptions gratuites auprès de mp.larsonneur@dinan.fr

Ces quatre contes sont publiés les samedis en janvier. Bonne lecture !

3. La sorcière de la Mère Pourcel

Alicia venait de Syrie. Elle habitait Dinan avec sa famille depuis quelques semaines. Il faisait très froid cette année-là autour de Noël.

Sur le chemin que l’enfant prenait tous les jours pour aller mendier, une grande maison sombre se dressait. Tordue, grise, obscure. Aucune lumière ne l’éclairait jamais. Alicia était à la fois fascinée et effrayée par cette grande maison. Elle, qui venait d’un pays lumineux, souffrait de la grisaille des mois noirs bretons. Souvent, dans le réduit du Poulichot qu’elle habitait maintenant avec sa famille, elle rêvait de ciel bleu, de soleil et de la chaleur du village qu’elle avait dû quitter précipitamment .

Le bruit des armes hantait encore ses oreilles.

Quand elle passait devant la grande bâtisse en bois et en torchis, elle se sentait aussi menacée que quand les roquettes sifflaient.

 Muette ! Abracadabrette ! Saperlipopette !

Un jour, elle vit une vieille femme sortir de la grande maison. C’était une vieille courbée, bossue peut-être, enveloppée dans un manteau noir. Elle avait le nez couvert de verrues et était incroyablement laide. Elle fermait à clé la porte en jetant des regards à droite, à gauche comme pour vérifier que personne ne l’avait vue.

Alicia se figea le cœur battant.

La sorcière, car vous l’avez deviné c’en était une, prit l’enfant dans son regard, tournant son index gauche à hauteur de sa poitrine et dévoilant quelques chicots jaunes dans sa bouche puante, elle chuinta : « Tu es au mauvais endroit au mauvais moment ! Toi, la nuit de Noël, tu auras peur, tu auras froid, et tu mourras peut-être ! En attendant, tu seras muette, abracadabrette ! Saperlipopette. » Et elle s’évapora.

La fillette, terrorisé, essaya de dire « maman »… mais sa voix s’était évaporée avec la sorcière. Elle ne pouvait plus appeler au secours, ni  mendier. Elle ne pouvait plus rentrer chez elle sans voix et sans piécette. Elle n’oserait même plus passer devant la maison de la sorcière.

La fée des Petits Diables

Elle commença à errer dans les rues de Dinan, serrant son imperméable trop grand.

Elle finit par s’arrêter dans le Parc des Petits Diables, pensant qu’aucune sorcière ne viendrait affronter les parents qui promenaient leur progéniture.

Assise sous un taillis, elle entendit une toute petite voix : « Alicia, Alicia, ne crois pas Pourcella ! Délivre-moi du pyracantha et de bonnes choses tu auras ! » L’enfant regarda sous les branches de l’épineux et vit une petite créature multicolore, aux ailes transparentes, coincée dans une énorme toile d’araignée. Délicatement, elle délivra le petit être radieux qu’elle prit au creux de sa paume.

« Je suis la reine des fée de Dinan, et puisque tu es si aimable et si serviable, je vais conjurer le sort de Pourcella la maîtresse sorcière ; cependant, ma force n’est pas assez grande pour lever totalement le sort. Tu ne pourras survivre à la nuit de Noël et récupérer ta voix que si tu utilises ceci intelligemment », elle fit alors apparaître une petite pochette d’une vingtaine d’allumettes comme on en voyait autrefois les fumeurs en utiliser.

Deux jours passèrent. Alicia avait erré, passant deux nuits, seule dans la ville illuminée. Elle s’inquiétait pour sa famille qui devait s’inquiéter pour elle. Peut-être était-elle recherchée par la police. Elle se sentait devenir faible, elle ne souffrait même plus de la faim.

Le soir du 25 décembre, une pluie glaciale rendit les pavés de Dinan terriblement glissants. Alicia les avait observés : les boutiques fermaient une à une, les passants se pressaient pour rentrer chez eux, bien au chaud, pour préparer Noël.

Elle avait compris qu’une cérémonie aurait lieu cette nuit-là et elle avait dû quitter son bien modeste refuge, une église peut-être, sans vraiment savoir que c’était un lieu de culte, pour ne pas se faire remarquer.

Ses pas la menèrent aux environs de minuit vers la maison de Pourcella. A bout, elle se laissa glisser contre la lourde porte, jusqu’au sol. Assise là sans même la force de pleurer, elle abrita ses mains dans les poches de son vêtement et sentit… les allumettes.

Elle en alluma une qui lui rappela le grand soleil et elle se sentit étrangement réconfortée. Mais elle brûla bien vite cette petite allumette. Alors elle en alluma une autre puis une autre… Quand les paroles de la fée retentirent dans sa tête « intelligemment »… Elle fit un petit tas des petits bouts d’allumettes, y mit le feu avec la dernière, glissa la pochette, puis son écharpe dans les flammes timides contre la porte en retrait du vent et de la pluie.

Quelques minutes plus tard, la vieille maison sombre était en flammes… Les pans de bois !

Les pompiers arrivèrent rapidement, mais dame ! Une nuit de réveillon ! La maison flamba complètement. Un sacré spectacle son et lumière pour le noël des voisins.

On ne retrouva rien de la Mère Pourcella.

« Maman »… le premier mot d’Alicia à son réveil dans une chambre de l’hôpital, sa mère près d’elle. Plus tard, le pompier qui l’avait trouvée, roulée en boule un peu plus loin lui raconta que le feu avait probablement atténué l’état d’hypothermie dans lequel elle était. En quelque sorte l’incendie dont on ignorait l’origine l’avait sauvée. Un mal pour un bien !

Patricia Barthélémy

Les contes de Noël de l’atelier d’écriture #2

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Ces quatre contes seront publiés les samedis en janvier. Bonne lecture !

2. Le joli Noël de la Belle
au Bois de Dinan

« 100 ans ! hurlait-elle, j’ai dormi 100 ans et vous voudriez que je sois raisonnable. Vous voudriez que je fasse les choses tranquillement sans bousculer les traditions. Mais que nenni ! Ma marque  »Belle au bois dormant » doit devenir la première dans l’univers de l’hôtellerie du luxe, du repos mais aussi de la fête et de la  »night ». J’ai assez attendu pour avoir le droit maintenant de festoyer tout mon saoul !  Le Bistrot du Viaduc, c’est pas juste pour les Côtissois ! »

Aurore, en effet, avait décidé de ne plus se cantonner au château d’Ussé. Ussé était le vrai château de la Belle au Bois Dormant, un château romantique en diable, avec ses tourelles en poivrière, ses toitures d’ardoise marine et ses murs tout blancs. Un peu comme le Hac, le château du Quiou, mais en nettement plus grand. Pourtant, il ne suffisait plus à la Belle qui avait longuement mûri son ambition en un siècle de sommeil sans rêves.

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Les contes de Noël de l’atelier d’écriture #1

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Ces quatre contes seront publiés les samedis en janvier. Bonne lecture !

Le Korrigan des Petits-Fossés

Nous étions le 24 décembre. Et pour Louise, la fête s’annonçait morose. En arrivant au marché de Noël de Dinan, Louise remarqua aussitôt un monsieur étrange de petite taille qui se tenait à moitié camouflé par l’abattant de son échoppe. Il avait le crâne couronné d’une sorte de stetson en cuir aux bords courts qui laissait entrevoir de grandes oreilles. Une longue barbe rousse faisait cravate sur sa chemise blanche et deux tresses bizarres descendaient sur sa redingote grenat.
Tandis que la fillette tirait sur le bras de son père, le bonhomme la fixa longuement. Ses yeux brillants la firent frissonner. Et elle sut qu’elle avait raison. Le père de Louise n’écoutant pas, elle l’amena jusqu’à la cabane blanche sertie d’étoiles brillantes et de flocons nacrés.
Sur l’étal étaient disposées de magnifiques figurines. Elles étaient troublantes de réalisme. On aurait dit des enfants de porcelaine ou de mignons angelots.
En y regardant de plus près, Louise remarqua que leurs yeux bougeaient. Monsieur Poulpiquet – c’était son nom – cherchant à capter son attention engagea rapidement la conversation avec le papa. Peu après, ce dernier se détourna pour chercher des yeux son épouse. Mais elle avait déjà gagné les Dinannaises.

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Atelier d’écriture : Contes à vivre, à écrire, à dire dans la magie du Fauteuil rouge

Le prochain atelier d’écriture créative proposé par Jean-Yves Ruaux aura lieu le samedi 11 décembre. Il sera consacré à l’écriture de contes de Noël !

Avec Andersen, Perrault, Pierre Gripari, Roald Dahl et bien d’autres,
chacun pourra s’amuser à élaborer des contes de Noël vécus ou
totalement imaginaires en choisissant ses mots et son public. On
apprendra donc à ménager ses effets pour transporter petit(e)s et
grand(e)s dans des univers féériques ou dans le sillage d’un traineau
ralliant de façon aventureuse Calorguen au magique château du Hac
(Le Quiou) pour y diffuser la joie, le mystère et les fantaisies d’une fin
d’année enjouée. Chacun, s’il le souhaite (et si techniquement
possible), bien calé dans la magie du fauteuil rouge de la bibliothèque,
pourra en fin de journée entrainer à captiver son auditoire. « Il était une
fois et peut-être même deux… »

Fantaisie, Locomotive À Vapeur

Le port dans le pétrin #10

Un feuilleton policier humoristique, écologique et local, conçu et produit par l’atelier d’écriture de la Bibliothèque municipale animé par Jean-Yves Ruaux avec le concours de Patricia Barthélémy, Valérie Boulanger-Raichman, Anne et Laurent Champs-Massart.

Épisode 10
La pelle du 18 juin

Après la découverte, à l’écluse du Châtelier, d’une barre de drakkar ou de galère, la capitaine Durand avait fait des rapprochements et elle comptait bien vérifier ses hypothèses avec ou sans l’aide de Le Guennec.

Tôt le matin du 19 juin, elle arriva chez le bouquiniste Gérard qui la reconnut immédiatement. Un sourire sincère éclaira son visage de vieux briscard. Lui montrant ses clichés, elle posa la question « pelle à pain géante ou barre de galère ? », Gérard sortit de ses rayonnages poussiéreux un des rares exemplaires de « Histoire et morphologie des rames de l’ancienne Égypte à nos jours » (Ed. de la Galère, Paris 1932).

La pelle à pain géante n’était pas une pelle à pain mais une rame, non de galère romaine ou de drakkar mais une rame typique des embarcations jersiaises de la première moitié du Premier siècle après J-C.

Une rame jersiaise

Mitsuko n’eut de cesse de convaincre Le Guennec :

– Commissaire, puisque je vous dis que j’ai trouvé la clé, que dis-je ! La rame de l’énigme.
– Mitsuko, vous m’embêtez à la fin, les Massale sont plus que suspects, coupables, et il n’y a plus d’énigme. L’affaire est entendue, dans le sac et…

La phrase n’était pas retombée que Mitsuko avait quitté le commissaire pour aller à la cave mesurer la pelle à pain géante. Et maintenant tout en marchant, elle appelait son ami Paul, docteur en physique des matériaux et passionné de navigation à rame. Après avoir reçu les clichés de la falaise, de la fenêtre de l’ancienne Loge maçonnique, de la rame et les mesures de l’objet, Paul confirma à Mitsuko que la rame jersiaise était assez robuste, son manche assez long pour transporter le corps léger de Marilou de la falaise à la loge maçonnique ; et comme Mitsuko l’avait vérifié, le diamètre du manche correspondait à la trace du rebord de la fenêtre. Elle savait par ailleurs que les deux écrivains voyageurs, amoureux fous de la nature, laissaient constamment ouvertes leurs fenêtres.

Je suis franc, et même franc-maçon !

Mitsuko ne faisait que suivre son intuition. Élevée à l’extrême-orientale, elle ne sentait aucune dichotomie entre son intuition et son intellect mais savait utiliser les deux simultanément. C’était sa grande force, étayée par un raisonnement rigoureux et une vaste culture littéraire. Elle était  passionnée par la résolution d’énigmes impossibles, aussi était-elle en état de jubilation intellectuelle quand elle arriva au bateau de Suzy et Jonatan Ouless.

Crédit photographique : Moore.

Ce couple de marins, dans son bateau au charme douillet « so british », avec le husky Doggydog et le chat Angora parés chacun d’une petite marinière, était inoubliable.

Jonatan Ouless ne montra aucune surprise quand Mitsuko annonça qu’on avait retrouvé les empreintes de son chien sur la falaise en face de l’ancienne loge.

– Oh, My God, autant tout vous dire car je suis franc, et même franc-maçon ! de la même obédience que Marilou qui était aussi une amie chère.

Accusés de sa mort

– Mais vous n’étiez pas aux obsèques.
– Les au revoir, c’est dans le cœur ! Voyez-vous, Marilou était atteinte d’une maladie orpheline et condamnée à d’horribles souffrances. Quand elle nous a demandé notre aide, nous n’avons pas hésité, n’est-ce pas Sue ?
– Vous l’avez… ?
– Non, aidée seulement. Voyez-vous Marilou était franc-maçonne, allergique au gluten et décidée à arrêter l’invasion de la franc-boulangerie coûte que coûte. Elle a ingurgité farine, pâte et levure… Sue et moi avons déposé son corps, comme un pain, dans l’ancienne loge pour que ces infâmes francs-boulangers soient accusés de sa mort. Nous avons jeté la rame jersiaise qui nous servait de lest à la Rance. Sans vous, ça aurait pu marcher.

Le soir même, Mitsuko racontait l’histoire aux Massalle, quand baissant subitement la voix elle ajouta « moi aussi, je suis allergique au gluten, franc-boulangère et je hais le riz blanc, alors je suis venue vivre en pays Gallo pour la galette saucisse… ».

Les écrivains voyageurs et Mitsuko résoudront-ils l’énigme de l’apparition du restaurant coréen à Dinan ?

Avec Mitsuko Durand, la franc-boulangerie supplantera t-elle la franc-maçonnerie en pays Gallo ?

Vous le saurez peut-être l’été prochain. Ou avant, qui sait ?

Patricia Barthélémy

Le port dans le pétrin #9

Un feuilleton policier humoristique, écologique et local, conçu et produit par l’atelier d’écriture de la Bibliothèque municipale animé par Jean-Yves Ruaux avec le concours de Patricia Barthélémy, Valérie Boulanger-Raichman, Anne et Laurent Champs-Massart.

Épisode 9
Galère ou drakkar ?

En rentrant à pied des obsèques de Marilou Raguenel, Mitsuko faisait intérieurement le point sur ces dernières. La gent masculine était fort bien représentée au cimetière, elle avait compté pas moins d’une vingtaine d’hommes disséminés par la cérémonie entre les tombes souvent anciennes.

Crédit photographique : Moore.
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Le port dans le pétrin #8

Un feuilleton policier humoristique, écologique et local, conçu et produit par l’atelier d’écriture de la Bibliothèque municipale animé par Jean-Yves Ruaux avec le concours de Patricia Barthélémy, Valérie Boulanger-Raichman, Anne et Laurent Champs-Massart.

Épisode 8
Rottweiler et Doberman

Gilbert et Corine Massalle marchaient aux côtés de la capitaine, qui les guidait.

Elle prit la rue du Petit-Fort, mais au lieu de piquer droit sur le port, elle tourna, au niveau de la Maison du Gouverneur, dans le petit escalier de pierre par lequel se rejoignait le chemin des Combournaises.

 Des empreintes !

Ils y étaient. Là commençaient les jardins des demeures privées, pourtant Mitsuko n’était pas décidée à respecter les « Défense d’entrer ». Elle sauta une grille, les Massalle à sa suite, puis tout trois s’engagèrent dans ce petit bout de forêt, tout en pente, et qui surplombait l’arrière des habitations du port. Après quelques ronces, ils se trouvèrent à hauteur du n°34, le lieu du crime. Il n’y avait plus qu’à s’approcher autant que possible de la fenêtre arrière de l’appartement des Massalle, cette lucarne où avaient été relevées des traces de frottements, ainsi que de la farine.

– Faites attention, marchez sur mes pas, dit la capitaine, ne créez pas d’autres traces. Et voilà. Regardez ici. Et encore ici. Et d’autres encore, par là-bas.
– Des empreintes !
– Je les ai remarquées hier, fit Mitsuko, pendant que vous étiez en garde à vue et que Le Guennec errait je ne sais où. C’est vraisemblablement par ici que les criminels sont passés pour introduire le cadavre de Marilou Raguenel chez vous.

A-t-il porté le cadavre ?

En effet, les Massalle n’avaient cessé de le préciser. Ils avaient laissé cette fenêtre ouverte le jour du crime. Et l’endroit piétiné se situait au même niveau que la lucarne, dont les scellés servaient tout de suite de perchoirs aux mésanges.

– Les moulages sont au labo. De la patience, je vous en souhaite. Mais l’agent de la Scientifique, qui m’accompagnait hier, a tout de suite décelé que ces traces-ci sont celles d’une femme. Petit pied, petit poids. Les secondes, quant à elles, sont celles d’un homme. Et même d’un sacré gaillard, à voir comment la terre a été enfoncée. A-t-il porté le cadavre ?
– Et les troisièmes ?
– Les troisièmes sont celles d’un chien.
Les Massalle n’y comprenaient rien.
– Moi non plus, avoua Mitsuko.

Pourtant elle poursuivait son idée. Ils rebroussèrent chemin. De retour dans le Petit Fort, cette fois, la capitaine guida les écrivains-voyageurs en direction du port. Plus haut vers la Porte du Jerzual, il y avait une foule costumée à cause de la fameuse Fête des remparts, avancée cette année au 18 juin.

Crédit photographique : Jean-Yves Ruaux.
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Le port dans le pétrin #7

Un feuilleton policier humoristique, écologique et local, conçu et produit par l’atelier d’écriture de la Bibliothèque municipale animé par Jean-Yves Ruaux avec le concours de Patricia Barthélémy, Valérie Boulanger-Raichman, Anne et Laurent Champs-Massart.

Épisode 7
Une perche passait
par-dessus les toits

Les Massalle entrèrent dans le bureau de Mitsuko. Par chance, Le Guennec était parti enquêter du côté du Bar des Dinantais. La capitaine et les écrivains-voyageurs étaient seuls. Ils pourraient mieux parler.

– Madame Durand, commença Corine, définitivement, nous n’appartenons pas à la Franc-Boulangerie…
– Le Guennec pense le contraire, répondit Mitsuko. Il pense que vous avez assassiné Marilou Raguenel, franc-maçonne, pour mieux imposer la Franc-Boulangerie en Bretagne. N’oublions pas que Kim Hong-Kang, le fondateur de la nouvelle secte, passe pour avoir tué le Vénérable de la Loge maçonnique de Sydney… Il y voit un parallèle.
– Nous ne connaissons pas Kim Hong-Kang !
– Pas personnellement, peut-être. Mais vous le connaissez.

 De la main de la victime

– Certes, nous sommes longtemps restés en Corée. C’était uniquement pour y étudier la Franc-Boulangerie.
– Je sais que le sujet vous est familier. Votre bibliothèque est pleine de…
Et la capitaine sortit de son tiroir Levez les pâtes contre le mur, le livre coécrit par les Massalle. C’était la copie de Le Guennec, qu’elle avait trouvée sur son bureau. Le livre était annoté de deux encres de couleurs différentes.
– Le Guennec l’a lu. Les annotations en bleu, ce sont les siennes, dit-elle.
– Et qu’a-t-il écrit ?
– Sa rancœur contre la Franc-Boulangerie.
– Et les rouges ?
– De la main de la victime.

Mitsuko ne savait si elle pouvait se fier aux Massalle. Elle décida de tenter quelque chose :  déballer à vif une information confidentielle.

– A l’autopsie, l’estomac de Marilou s’est révélé plein de pâte crue.

Les Massalle s’en décrochèrent la mâchoire en simultané. Cette surprise… Dès lors, elle sut qu’ils étaient innocents.
 
Asphyxiée de l’intérieur

– Or, elle était allergique au gluten.
– Asphyxiée de l’intérieur, fit Gilbert…. Au fond, c’est très franc-boulanger…
– Capitaine, le corps de Marilou n’est pas apparu chez nous, comme ça, par magie. Il est forcément entré d’une manière ou d’une autre. Or, un corps, cela se voit. Et qui a vu quelque chose ? Personne. Ou presque…

Mitsuko tendit l’oreille.

– Car nous aussi, nous avons fait notre petit tour… dirent les Massalle.

Bien évidemment, ils n’avaient pas été poser de questions au mystérieux restaurant coréen poussé du jour au lendemain dans le centre-ville. Mais ils avaient fureté sur le port.

– Ceux de la péniche-atelier, en bout de quai, n’ont rien vu. Bien sûr. Trop loin du n° 34.

Crédit photographique : Jean-Yves Ruaux.
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Le port dans le pétrin #6

Un feuilleton policier humoristique, écologique et local, conçu et produit par l’atelier d’écriture de la Bibliothèque municipale animé par Jean-Yves Ruaux avec le concours de Patricia Barthélémy, Valérie Boulanger-Raichman, Anne et Laurent Champs-Massart.

Épisode 6
Une fontaine de champagne

C’était quoi, ce chuchotis ? De sa cachette sur la rive opposée, l’observateur qui n’était autre que Mitsuko Durand ne pouvait entendre ce que les deux écrivains-voyageurs se murmuraient.

Crédit photographique : Moore.
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Le port dans le pétrin #5

Un feuilleton policier humoristique, écologique et local, conçu et produit par l’atelier d’écriture de la Bibliothèque municipale animé par Jean-Yves Ruaux avec le concours de Patricia Barthélémy, Valérie Boulanger-Raichman, Anne et Laurent Champs-Massart.

Épisode 5
Le chameau mongol

Stupéfiant ! L’observateur discrètement posté un soir à Lanvallay, Quai du Tallard (on se demande d’ailleurs ce que ce quai fiche à Lanvallay et pas à Dinan, avec sa bande de joyeuses brasseries !) aurait pu formuler d’intéressantes remarques sur ce qui se passait à hauteur de mansardes, au 34, Rue du Quai, à Dinan !

Crédit photographique : Moore.
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Le port dans le pétrin #4

Un feuilleton policier humoristique, écologique et local, conçu et produit par l’atelier d’écriture de la Bibliothèque municipale animé par Jean-Yves Ruaux avec le concours de Patricia Barthélémy, Valérie Boulanger-Raichman, Anne et Laurent Champs-Massart.

Épisode 4
Une société ultra-secrète

Vent de folie à midi sur Dinan. Assise à son bureau, la capitaine Durand en était déjà à sa sixième tasse de thé. Elle aperçut par la fenêtre un camelot sur le marché qui retenait avec difficulté le grand parasol sous lequel il avait installé sa marchandise. Elle serait bien sortie lui donner un coup de main mais elle avait du pain sur la planche, comme aurait dit le commissaire.

Elle avait étalé devant elle les photos prises sur la scène de crime dans l’appartement des Massale. Il y avait aussi ce livre écrit par le couple, annoté en bleu par Le Guennec et en rouge avec une écriture qui lui était inconnue.

Pomme de discorde

« Levez les pâtes contre les murs », racontait leurs voyages sur les traces d’un certain Kim Hong-Kang, un Coréen qui avait fait des études de macrobiotique à l’institut Michio Kushi à Boston. Celui-ci avait purgé une peine de prison, puis il aurait fondé une société ultra-secrète dont ils avaient traduit le nom par « Franche Boulangerie » ce qui apparaissait peu réussi à Mitsuko qui maîtrisait parfaitement le Hangeul et l’alphabet de Séoul.

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Le port dans le pétrin #3

Un feuilleton policier humoristique, écologique et local, conçu et produit par l’atelier d’écriture de la Bibliothèque municipale animé par Jean-Yves Ruaux avec le concours de Patricia Barthélémy, Valérie Boulanger-Raichman, Anne et Laurent Champs-Massart.

Épisode 3
Des fourniers lubriques !

Il faisait grand beau ce matin-là. Mitsuko retrouva son supérieur sur le port. Affalé sur une table en terrasse, portant la même chemise tachée de la veille, le commissaire Le Guennec semblait avoir peu dormi et chantonnait tristement : « Oh ma Lou, il fallait que j’abrège… »

Soudain il se redressa et déclara à sa jeune collègue : « Quand on est dans une impasse : faut bouger ! »

Des énigmes alambiquées

Il ramassa les livres posés entre les verres, se leva brusquement en renversant sa chaise et se dirigea d’un bon pas, bien qu’un peu titubant, vers la rue du Petit Fort.

« Pour les cas compliqués, on réfléchit toujours mieux en montée. C’est prouvé capitaine ! J’ai débrouillé mes énigmes les plus alambiquées dans le Jerzual. Suivez-moi ! » lança-t-il.

Crédit photographique : Moore.
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Le port dans le pétrin #2

Un feuilleton policier humoristique, écologique et local, conçu et produit par l’atelier d’écriture de la Bibliothèque municipale animé par Jean-Yves Ruaux avec le concours de Patricia Barthélémy, Valérie Boulanger-Raichman, Anne et Laurent Champs-Massart.

Episode 2
Des gens si discrets

La nuit tombait ; le fourgon de la morgue avait depuis longtemps emporté feu Marilou Raguenel vers l’autopsie. Dès que les scellés furent posés, Mitsuko Durand passa une petite heure à fureter autour du lieu du crime, à scruter la façade et les possibilités d’accès.

La nouvelle du meurtre n’avait pas été longue à se propager sur le port, et, s’alliant à la fraîcheur du soir, elle avait glacé l’atmosphère : beaucoup de commerces fermaient déjà. Pour Mitsuko, c’était l’heure de rentrer au commissariat afin d’éplucher la vie de la victime. Elle tourna dans la rue du Jerzual ; d’un pas sportif, elle attaqua la raideur des pavés, jusqu’à atteindre le « Galettes à Gogo », dont le serveur savait tout.

Crédit photographique : Moore.
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Le port dans le pétrin #1

Un feuilleton policier humoristique, écologique et local, conçu et produit par l’atelier d’écriture de la Bibliothèque municipale, animé par Jean-Yves Ruaux avec le concours de Patricia Barthélémy, Valérie Boulanger-Raichman, Anne et Laurent Champs-Massart.

Épisode 1
Poison, stupéfiant ?

C’était un mois de juin plein de lumière. A la terrasse des cafés, habitués et visiteurs faisaient tinter leurs verres, au son de la joute nautique en cours sur la Rance. Dressés à l’extrémité de leurs barques, les jouteurs manœuvraient d’immenses perches pour faire tomber leurs adversaires à l’eau. Côté Léhon du Vieux-Pont, en revanche, régnait le calme monastique des eaux dormantes.

Crédit photographique : Moore.
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