Vos créations : Nouvelle

Patricia partage une nouvelle qu’elle a écrite pendant le confinement.

L’île bleue

Photo : Michel Hasson (photo libre de droit).

Depuis mon plus jeune âge j’aime les îles.
J’ai fait ma première découverte de l’insularité à 3 ans, après un long, très long voyage en 4 chevaux, puis le bac sur lequel, légende familiale, face à l’océan,
je hurlais « Ohhhhh, la GRRRRRRANDE Seine ».
Je croyais que quand la mer était haute d’un côté de l’île, elle était basse de l’autre et inversement ; et encore, délicieuse terreur, que les jambes de mon grand-père allaient fondre dans la mer comme le sucre dans le café ; bien évidemment je refusai, en hurlant de toute la force de mes petits poumons, tout bain…
La logeuse s’appelait Madame Assémeau, et je la surnommai aussitôt Madame « Assémeau Le corbeau ne se sent plus de joie », ce qui me faisait rire sans fin et me consolait un peu des dangers maritimes.
Le phare des baleines hantait mes rêves… J’espérais obstinément et chaque jour, voir des baleines… Ou bien, était-ce sa forme phallique ?

Cette île fut suivie, bien plus tard, de beaucoup d’autres : dans La Manche, l’Atlantique, la Méditerranée, le Pacifique… des archipels, des îles isolées, des îlots. J’aime les îles petites où l’on embrasse l’insularité facilement ; où je sens en tout lieu et à tout moment que je suis sur une île. L’île de Vancouver, par contre exemple, n’en est pas vraiment une pour moi.
Certes, la mer n’est jamais très loin, comme en Bretagne… mais les Monts d’Arrée évoquent-ils la mer ? Les grandes îles sont plutôt des mini continents. Par contre, Inisheer ou La Gomera ou Houëdic… On sait à chaque instant que l’on est sur une île !

Et les insulaires, quelle que soit leur mer, partagent quelque chose de singulier, ils sont à la fois curieux des visiteurs voire avides de rencontres et très sur leur quant à soi, très réservés dans leur pré carré… A Inisheer par exemple, dans l’unique pub ouvert en ce temps-là, lors d’une soirée mémorable, arrosée et musicale, je n’ai jamais pu payer une seule bière, j’ai dû m’acquitter d’une chanson en français bien sûr, et à la sortie pfuitttt, en quelques secondes, plus personne… J’étais seule, la nuit, sous la pluie, sur une île minuscule battue par le vent, perdue dans une mer glaciale.

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